faut toujours se méfier des borgnes !

Contorsionniste Fiche : Ishvar Blake

Soho, ses rues crasseuses et ses petits commerces minables. Ces rues mal famées emplies d’odeurs de cuisines étranges et exotiques, de boue et d’ordures, de poivrots cuvant leur vinasse infâme et marmailles au visage noir de suie. Mas Soho c’était aussi des petits commerces honnêtes, surtout durant la journée et surtout dans la périphérie du quartier. Et ces commerces pâtissaient malheureusement de la réputation houleuse du coin. Mais bon tout ça, le jeune artiste de cirque n’en avait que faire. Lui à part le cirque… Tout ce qui ne le touchait pas personnellement, il s’en moquait. Alors du moment qu’il ne se faisait pas attaquer, arnaquer ou embêter, le monde pouvait agie comme il l’entendait. Alors, voir un borgne cogner sur plus petit que lui et sembler en tirer comme du plaisir, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Et l’autre mioche qui se mettait à pleurer. Ne savait il donc pas que ça servait à rien ? Ne savait donc pas que ça ne ferait qu’aggraver son cas ? Et pourquoi il tendait la main vers lui, hein ? Comme si Ishvar allait venir le secourir… Sauf que… Hey ! Mais c’était pas le ptit Jimmy qui leur fournissait le pain ? Aaaaah… l’odeur du pain frais, ce qu’il aimait ça le ptit Ishvar ! Oui, là c’était rendre l’indien par les sentiments. Il l’aimait bien ce gamin, surtout qu’il était en affaire avec lui et qu’il arrivait à grappiller du pain gratuit. Bon allez, c’était décidé, il allait faire une bonne action… Premièrement, détourner l’attention du pigeon de sa cible première.

« Hey, du con ! Tu prends ton pied à tabasser les mômes ?! Tu veux pas cogner sur plus âgé non ? »

Deuxièmement, faire signe au complice d’intervenir. Là, c’était plutôt de fuir… Troisièmement, ne pas laisser l’autre s’en sortir ainsi. Il sortit une petite balle qui lui servait dans ces exercices de jonglage et s’amusa à la lancer en l’air et la rattraper.

« Il t’as fait quoi le ptit Jimmy de la boulangerie ? J’peux le savoir ? »

Bah oui, il allait pas frapper tout de suite non plus. Il n’était pas ce genre de personne. Quoique...

Commis de pharmacie Fiche : Valentin Chervalles

Donner des coups, en recevoir…. C’est ça la vie ? Valentin ne savait pas. Il fallait juste avancer, éviter les obstacles ou les détruire. Préserver sa fierté aussi ignominieuse soit-elle. C’est ainsi. Ce gosse, Jimmy de la boulangerie, oui il le connaissait, un gamin pas aussi abruti que les autres ais qui pouvait se montrer bien tête de pioche parfois, sûrement l’âge. Seulement voilà, Valentin était quelqu’un de méchant, alors se faire insulter de sale français par ce minot, non merci. Voilà pourquoi il s’avisait tranquillement de lui faire bouffer ses dents. La France…il l’avait jamais vu de toute manière.
Seulement, quelqu’un crut bon d’intervenir. Le borgne ne tourna pas la tête, se contentant juste de bouger son œil encore valide. Allons bon, c’était quoi ce gus ? drôle de tronche, il saignait comment lorsqu’il était blessé ? Peut-être que cela valait le coup de vérifier….

« Tiens donc, Scotland Yard peut dormir en paix, voilà que Londres se dote du plus parfait des gentlemen pour protéger ses gens… toi aussi tu veux finir la face contre un mur ? il fallait le dire tout de suite…. »

Se battre, toujours se battre, peu importe le reste, peu importe tout.

« Par conte, le langage c’est à revoir, face de rat…sinon tu vas effrayer les dames »

Si le gosse à qui il refaisait copieusement le portrait quelques instants auparavant croyait s’en tirer, hé bien il se trompait. Rien que pour la forme, Valentin lui remit un coup de poing avant de finalement le laisser détaler. L’enfant s’enfuit sans demander son reste, réaction on ne peut plus logique.
Alors, Valentin s’approcha d’Ishvar avec nonchalance.
Rien n’avait d’importance

« A ton tour maintenant… »

Contorsionniste Fiche : Ishvar Blake

« Un gentleman ? Où ça ? Ah… Tu parles de moi ? »

Il prit un air idiot. Toujours passer pour plus stupide qu’on ne l’ai déjà, ça peut aider parfois dans la vie.

« Je ne savait pas que j’avais à faire avec une dame… Où caches tu donc tes jupons ? »

Lui aussi s’était mis à avancer, jonglant avec la balle, en sortant une autre et puis une autre. Il espérait capter un instant l’attention de son adversaire. Enfin, ce fut juste le temps de lui envoyer les trois balles dans la face, juste avant de lui sauter dessus toutes dents dehors. Attaque surprise, et oui… Bah ce n’était pas déloyal, pas vraiment et puis il n’en avait rien à faire des règles de bonne conduite ou je ne sais quoi. Tout ça c’était bon pour les dits gentlemen. En attendant, il distribuait des coups de poings bien sentis dans les côtes de son adversaire, lui labourait les reins de ses poings et prenait lui même des marrons dans la face, espérant juste en rendre bien plus que ce qu’il n’en recevait. Pour ce faire, il avait réussit à la plaquer contre un mur durant un temps, puis se fut l’inverse et ainsi de suite. La hargne prédominait dans ce combat, aucun des deux ne voulait se reconnaître vaincu. Tous deux éprouvait de rage envers le monde et ils avaient trouvé là un bon moyen de l’évacuer.

Après un bon moment passé ainsi, ils finirent par se séparer. Plus parce qu’ils n’en pouvaient plus que parce que leur haine respective avait été extériorisée. Hors d’haleine, le métis essuya son nez qui s’était remis à saigner. Il avait écopé de biens des ecchymoses et quelques unes se trouvaient bien visible sur son visage. Ils allaient râler au cirque… qui irait voir le numéro d’un gamin qui avait la moitié de la face en bouillie ? Et puis, il n’y avait pas que le cirque… Mais là c’était une autre affaire et il n’avait pas vraiment envie d’y songer pour le moment.

Il renifla l’air dédaigneux et constata, non sans fierté, que son vis à vis était lui aussi bien arrangé. Cela le fit sourire. Il pouffa même de rire en voyant le bandeau du borgne totalement de travers. Il finit même par partir en total fou rire, ne réussissant à s’arrêter que bien cinq minutes plus tard et avec difficulté.

« Tu te défends pas mal… Tu es l’apprenti du vieux Simons c’est ça ? »

Il se passa une main dans la nuque et fit craquer les os de ses vertèbres. Il pesta intérieurement quand il se rendit compte que son écharpe de fortune était toute défaite. Il la resserra un peu autours de son cou, dissimulant ainsi la cicatrice qu’il voulait cacher. Une fois cela fait, il se mit de nouveau à regarder Valentin avec hostilité, reniflant de nouveau.

Commis de pharmacie Fiche : Valentin Chervalles

Le combat semblait s’être soldé par un match nul. Tous deux étaient plus que bien amochés et déjà, Valentin sentait poindre sous son crâne les débuts d’un mal de tête. Journée pourrie… Il en avait marre, marre de cette ville putride, marre de ce pays horrible avec cette langue à vous donner la nausée, marre de ces gens, oui marre de tous ces gens. Marre d’être incapable de les tuer. Oui, s’il avait eu un couteau pendant ce combat, alors…. Où aurait-il frappé ? Peut-être à la gorge, la jugulaire..Oui, frapper encore et encore, jusque à ce que le corps soit troué, complètement…. Jusque à ce qu’enfin on ai envie de pleurer. On puisse le faire.

« La prochaine fois que je te vois, t’es mort… »

Il ignora totalement la question que lui posa Ishvar. C’était certainement pas ses oignons après tout. D’une main rageuse, Valentin remit correctement son cache-œil en place Bien sûr, cela n’empêcha pas le fait qu’il était toujours autant débraillé… Mais ça, il réglerait ça chez lui, dans sa petite mansarde.

« L’avantage, avec la tronche que t’as, c’est que j’aurai aucun mal à te retrouver…et là tu hurleras comme un porc qu’on égorge »

Des menaces. Et là violence était toujours là, bien ancrée en lui, refusant de partir, de le laisser de le quitter. La prochaine fois…. Oui, sûrement qu’un jour il tuera réellement quelqu’un. Juste comme sa mère, juste pour voir ce que ça fait. Juste….

« sale chien… »